Newsha Tavakolian, Listen
Newsha Tavakolian a commencé à travailler pour la presse iranienne à l’âge de 16 ans, couvrant les guerres en Irak et une série de questions sociales dans son pays natal, l’Iran. À travers son objectif, Tavakolian explore les expériences sociales de son pays et les conflits humains proches. Elle a photographié des guérillas au Kurdistan irakien, en Syrie et en Colombie, des chanteuses iraniennes interdites et la vie des personnes soumises à des sanctions. Tavakolian a été le cinquième lauréat du prix de photojournalisme Carmignac Gestion 2014 et le principal lauréat du prix Prince Claus 2015. Le travail de Tavakolian a notamment trouvé sa place dans les collections privées d’institutions internationales, dont le Victoria & Albert Museum, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA), le British Museum, la Sackler Gallery et le Boston Museum of Fine Art. Newsha Tavakolian est devenu membre de Magnum en 2019. La série Listen dépeint des portraits de chanteuses professionnelles, qui apparaissent dans une rêverie artistique, jouant pour un public imaginaire. Newsha Tavakolian crée des pochettes d’albums fictives pour six musiciennes iraniennes qui ne peuvent pas signer en solo. Ironiquement, les boîtiers de CD que ces pochettes ornent sont vides. Cette absence reflète la réalité dans laquelle vivent ces femmes. Elles ne sont légalement pas autorisées à enregistrer ou à jouer de la musique en public. « Pour moi, la voix d’une femme représente un pouvoir qui, s’il est réduit au silence, déséquilibre la société et déforme tout. Le projet Listen fait écho aux voix de ces femmes réduites au silence. Je laisse les chanteuses iraniennes se produire à travers mon appareil photo alors que le monde ne les a jamais entendues. Newsha Tavakolian
Floriane de Lassée, Modern Sati
Floriane de Lassée est une photographe française. Elle est diplômée de l’école parisienne d’arts graphiques Penninghen et de l’International Center of Photography de New York. Son travail photographique repose essentiellement sur la mise en scène, traiter de la place de la femme dans les grandes thématiques de société. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions personnelles et collectives à travers le monde depuis 2008, notamment au Musée de l’Élysée de Lausanne et dans plusieurs Scènes Nationales. Modern Sati - Lorsqu’une femme indienne se marie, elle devient la propriété de sa belle-famille et n’appartient plus à sa propre famille. Ancestralement, si l’époux mourrait, elle devait le suivre dans l’au-delà. La Sati est l’acte des veuves hindoues s’immolant sur le bûcher funéraire de leurs maris afin de remplir leur rôle d’épouse. L’interdiction de cette pratique séculaire en 1829 n’aura pas suffit à changer le quotidien des femmes. Même si aujourd’hui, les veuves ne sont plus brûlées, comme Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne le décrit, la tradition continue de façon pernicieuse. Dans le meilleur des cas, une veuve devient l’esclave de sa belle mère, mais souvent par « malchance », un accident de cuisine, une chute d’escaliers ou encore une attaque à l’acide fait disparaître l’indésirable. Laissant à la belle- mère l’honneur d’élever ses petits-enfants orphelins. Le plus souvent dans l’Inde moderne, les femmes veuves ou non, restent encore soumises au diktat de société pourtant en plein bouleversement. Lors du décès de l’époux, lors d’un viol, d’un divorce ou pour un simple désir d’autonomie financière, les femmes n’ont souvent d’autres choix que de disparaître physiquement ou socialement. Leur statut reste fondamentalement inchangé cadenassé par le carcan des traditions. C’est la Sati moderne. Cette série a été réalisée en 2016 au Rajasthan, état du nord-ouest de l’Inde.
florianedelassee.com
soundcloud ICI
Ces deux séries de photographies sont à découvrir dans la cadre de PhotoClimat, biennla environnementale et sociale de Paris